© Franck Carpentier
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: La ville de Puteaux vous consacre une
exposition. Que ressentez-vous à quelques semaines
de l’ouverture ?
SINO :
Je suis très honoré. Je suis très excité aussi
parce que je suis né à l’hôpital de Puteaux. J’ai vécu
ici toute ma vie, du bas au haut de Puteaux. C’est ici
également que j’ai commencé le graffiti. Ma famille
est très fière aussi. J’espère maintenant que les gens
vont aimer.
: Racontez-nous comment vous êtes
passé du mur à la toile :
SINO:
J’ai découvert le graffiti comme la plupart des
gens de mon époque, à travers le tag, les signatures
que l’on faisait sur les tables de l’école et autour de
chez nous. Et très vite, je me suis mis au graffiti. Sur
notre ligne de transport, Paris-Saint-Lazare-Versailles,
des tags décoraient les trains. J’ai voulu moi aussi en
faire ! À cette époque, je ne peignais pas sur les trains,
mon support principal était le mur. Mais à partir de
fin 90 début 91, j'ai commencé à investir les trains
de mes graffitis. Mon passage à la toile s'est fait
ensuite naturellement. Des amis peignaient sur des
tableaux et je me suis dit pourquoi pas moi. Et un jour,
j'ai réalisé dans mon atelier que c'était devenu mon
activité principale.
: Expliquez-nous votre travail sur toiles :
SINO :
C’est très graphique. Quand on regarde mes
peintures, on peut voir une lettre, mais ce n’est
pas forcément évident. Sur d’autres toiles, elle est
visible en noire ou destructurée. J’ai aussi extrait la
lettre pour qu’elle devienne illisible afin de changer
la lecture des gens. Comme je suis issu du graffiti,
le public a tendance à chercher une lettre dans
mes œuvres. Je veux casser cet automatisme. La
sculpture m'intéresse de plus en plus, bien que je
ne m’estime pas prêt. Je suis encore en quête, mais
j’ai voulu l’intégrer à ma peinture. J’ai créé des toiles
avec une explosion de couleurs en relief. Chaque
couleur a une épaisseur. Du relief et des ombres
apparaissent ! C’est une nouveauté pour moi, même
une exclusivité pour Puteaux (rires) !
Mais tout ce que je souhaite c’est que les gens
regardent un tableau avec de la couleur et des
formes et qu’ils puissent imaginer ce que bon leur
semble. C’est aussi l’esprit du graffiti, la liberté.
Entretien
Plan de métro