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aux gens. S'ils veulent savoir, il faut qu'ils me suivent !
Dans cette exposition, c’est au public de vivre sa propre
expérience. Je peins, je m’éclate, après je suis issu de
ce milieu, donc je ne peux pas non plus le mettre de
côté… J’espère qu’ils vont ressentir cette ambiance
avec le thème des « petits métros » par exemple. Mais
les tableaux, c’est autre chose. Je peins ce que j’ai dans
la tête, après si le public arrive à voir le graffiti tant
mieux, ou même Miró, c’est parfait ! La sculpture à La
Défense,
Deux personnages fantastiques
a bercé toute
mon adolescence. Je l’ai toujours aimée sans savoir
vraiment ce que c’était. On la retrouve dans mon travail.
: Pensiez-vous que cette culture du graf-
fiti allait prendre une telle ampleur et devenir un
art à part entière ?
SINO :
À l'époque, les gens de ma génération ne
pensaient pas à ça. Aujourd’hui les jeunes qui se lancent
dans la peinture veulent gagner de l’argent ! Pour nous,
ce n’était pas la même motivation. Les réseaux sociaux
n’existaient pas. On pratiquait le graffiti pour notre
communauté. On était loin d’imaginer qu’un marché du
street art allait autant se développer.
: Selon vous, quelle est la différence
entre le graffiti et le street art ?
SINO :
Quand je peins dans la rue, je veux que la grand-
mère du coin puisse lire Sino ! L'objectif est de lire Sino,
même quand on roule à 70km/h sur le périphérique ! Le
graffiti est plus proche de la publicité que de l’art. Le
but est de montrer que je suis passé par là ! Mon style
a toujours été simple et accessible à tous. Je réalise un
petit personnage à la place du O de Sino que j’adapte
suivant la situation car j’ai envie de communiquer avec
le spectateur.
Le street art c’est un autre monde. Quand je réalise un
graff dans la rue, tout dépend de moi. Je prends le mur
que je veux, celui qui est le plus visible en général. Mais
une fois dans le monde de l’art, c’est fini ! Je ne peux
pas braquer une galerie et l’obliger à m’accrocher ! C’est
au bon vouloir du galeriste dont je deviens dépendant.
La liberté que j’ai gagnée en atelier s’arrête à la porte de
la galerie. Alors que la rue, elle, ne ment pas.
: Comment vous percevez-vous ?
Graffeur ou artiste ?
SINO :
Je me vois plus comme un créateur qu’un artiste.
Après est-ce de l’Art ou pas, je laisse les spécialistes en
juger. Quelque part on est tous artiste.
Boîte aux lettres Military
© Franck Carpentier
© Franck Carpentier