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— Février 2020 - N° 83 —
: La relation à l’Art doit être différente
maintenant que vous êtes passé de la rue à votre
atelier ?
SINO :
Je ne retrouverai plus ce que je pouvais ressentir
quand je peignais la nuit dans la rue. En revanche, je
ressens d’autres choses. Quand je peins dans la rue, c'est
souvent dans l’obscurité, peut-être à la lumière de la lune,
d’un lampadaire ou d’un néon d’un dépôt… Je suis aussi
limité dans le temps et mon matériel peut faire défaut…
Il faut composer avec ces contraintes et les imprévus
qui peuvent arriver aussi… Sans oublier le stress ! Cette
adrénaline ne peut être transposée en atelier. Mais en
atelier, je travaille avec une belle lumière et j’ai tout mon
matériel à disposition. J’ai le temps que je veux. Je n’ai plus
de contraintes. J’ai alors devant moi un horizon ! Je peux
tout faire, et c’est peut-être pour ça que j’arrive à créer
autant ! J’étais tellement confiné pendant des années que
là je n’ai plus de limite! Je découvre encore des choses,
j’en explore d’autres… Chaque jour est une découverte.
: Ça ne vous manque pas de peindre
dans la rue ?
SINO :
Qui dit que je ne le fais pas !
: Vous avez aussi une activité au Quebec ?
SINO :
Oui, depuis 1998, je suis le distributeur exclusif
de la marque d’aérosols Montana Colors en Amérique du
Nord et j’ai été le premier importateur de ces produits
que je vends dans ma boutique consacrée aux graffeurs,
Le Sino à Montréal. Quand je suis arrivé à Montréal,
j’étais décorateur pour la télé canadienne. J’ai rencontré
des graffeurs qui m’ont fait découvrir leurs bombes
aérosols de très mauvaise qualité ! Sur les conseils d’un
ami, j’ai contacté un fournisseur français de peinture
et depuis nous travaillons ensemble. Nos aérosols
possèdent une meilleure pression, une meilleure opacité
et surtout proposent beaucoup plus de couleurs !
: Cette exposition est-elle une manière
de faire découvrir le graffiti au grand public ?
SINO :
Je ne cherche pas à faire découvrir le graffiti
Vida Loca
Signal Sino
L'atelier de Sino dans la résidence Lorilleux
Métro de Klor
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© Franck Carpentier
© Franck Carpentier