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: Racont -nou votr premièr rencontr ave“ l

calligraphi , q ’esŠ-c q ’i ’esŠ passŒ dan votr têt ?

M93 :

Avant ma rencontre avec la calligraphie, j’ai été très

influencé par les mouvements urbains new yorkais à travers les

tags, les lettrages, les B-boys… Je voyais ceux réalisés par des

graffeurs franciliens dans les métros et les bus. Ils taguaient avec

des torches, des marqueurs avec des lignes très larges et très

fines. Eux-mêmes s’inspiraient des tags du début des années 80

de New York. Cet art m’a parlé directement ! J’ai cherché à créer

mon propre tag. Je suis tombé amoureux de ce « plein et de ce

délié** ». Certaines formes s’inspiraient d’écritures arabes. Le

travail de Hassan Massoudy*** m’a alors ouvert de nombreuses

portes. J’ai cherché à m’approprier des formes pour écrire mon

nom. J’ai compris l’importance du vide et du plein. Depuis, je n’ai

plus lâché la calligraphie que j’ai injecté dans mes réalisations.

Peindre un animal en le remplissant de calligraphies m’aide

à créer ses lignes de force, retranscrire les muscles, la peau,

les reflets. Mais ce n’est pas encore abouti. On est toujours en

recherche, c’est ce qui est intéressant !

: Comment êtes-vous

passé à l’abstrait ?

M93 :

Quand j’ai commencé à injecter

des formes de calligraphies arabes

dans mes peintures, je suis parti vers

un délire abstrait ! Je voulais sortir des

sentiers battus et explorer un autre

style, dépasser «l’académie graffiti».

D’autres artistes pratiquaient l’abstrait

mais pas avec la calligraphie. Je

me suis mis aussi au figuratif et au

réalisme. À l’époque, on était une

dizaine à pratiquer dont Akhine****,

le grand mentor.

: L jaguar esŠ votr anima tote¡, po¢ -vou

nou e £pliquer ’origin ?

M93 :

Tout part d’un chat noir ! Suite à un voyage à Mexico, j’ai

visité le musée de Frida Kahlo et je suis tombé sous le charme de

cette bâtisse décorée d’un bleu incroyable ! Toutes les couleurs

s’harmonisaient autour de ce bleu. Bouleversé, j’arrive à Paris et je

décide de faire un

tribute

à Frida Kalho en réalisant un portrait de

manière cassée. Je l’ai représenté avec un chat noir comme elle

le faisait dans ses autoportraits. Je me suis amusé à appliquer un

reflet fluo dans les yeux de l’animal pour les faire briller. J’ai alors

cherché un matériau réfléchissant que j’ai testé sur mon premier

jaguar que j’ai peint pour le Ministère de la Culture. L’effet a été

au-delà de mes espérances ! Cette connexion avec la lumière

a été décisive pour moi. J’aime aussi la symbolique autour du

jaguar, qui était un dieu pour les Aztèques et les Mayas, où le

soleil se réincarnait la nuit dans ce félin. Je me suis approprié

cet animal et depuis je l’ai peint sur tous les continents, sauf en

Russie et en Australie !

Hommage de Marko 93 à Frida Kahlo

Autoportrait au collier d'épines et Colibri de Frida Kahlo