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LE STREET ART,

UNE TRADITION EUROPÉENNE

La France possède une tradition, celle de s’amuser de l’environnement urbain, qui existe déjà depuis les années 30. Des artistes comme

Brassaï, dont l’œuvre a valorisé le graffiti, photographiait déjà les murs de la Ville lumière. Dans les années 50, Villeglé détourne l’actualité

politique et les messages publicitaires pour en faire des tableaux. Il se sert d’affiches déchirées et usées. Nous sommes dans les années

60 et ces artistes usent déjà des codes du graffiti américain alors inconnu à ce moment. Mais c’est avec Pignon-Ernest que la révolution

s’installe. Artiste plasticien, il investit le plateau d’Albion en peignant au pochoir des silhouettes à taille humaine inspirées des traces des

corps sur les murs d’Hiroshima. Son oeuvre politique et artistique met en lumière les techniques du pochoir et du collage. Ces artistes

participent à la construction d’une tradition de l’art urbain français. Alors, quand le graffiti fait ses premières entrées en France, il fallait

trouver des murs pour s’exprimer. La place Stalingrad à Paris est devenu un des endroits non officiels des graffeurs.

Entre 1983 et 1985, des étudiants européens, partis à New York, reviennent avec des images plein la tête ! Fasciné par le graffiti,

Bando s’allie à l’américain JonOne et l’anglais Mode2 installés à Paris. Si Bando prône le lettrage, ses comparses s’éclatent dans le

graphisme. La guerre des styles est lancée et donnera une accélération à leur art. Elle inspirera toutes les générations de graffeurs.

Le hip hop français donnera de la visibilité au graffiti. Le groupe de rap NTM, dont les membres se retrouvaient place Stalingrad, était

à l’origine un collectif de «writers » et écrivaient des messages sur les murs. En 2007 apparaît pour la première fois le mot street art

sur le catalogue d’une maison de vente aux enchères. La France a développé une

french touch

plus arty et littéraire. Le Street Art sort

de la rue pour entrer dans des galeries prestigieuses.

L’Europe n’a pas attendu le graffiti

made in America

pour s’intéresser à l’art urbain.

Et quand cette discipline débarque en Europe, il envahit le mur le plus célèbre de

l’époque, celui de Berlin. Taguer devient un acte politique et de résistance sous l’œil

protecteur de l’armée américaine qui y voit la promotion de sa culture.