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Bibliothèque Jean d’Ormesson
de Molenbeek pour comprendre l’inexplicable.
Nous suivons, avec lui une étrange fascination, le
parcours de cet être perdu. La puissance de son
récit, la finesse de ses descriptions, la force de la
psychologie des personnages et le réalisme dont il
fait preuve n’invitent aucunement au jugement, ni
à la justification, mais à une terrible vérité qui nous
permet de mieux comprendre l’incompréhensible.
Lors de cette conférence, pour pourrez lui poser
vos questions en toute liberté. En attendant
cette rencontre, nous avons posé nos questions
à l’auteur qui est toujours entre deux dédicaces.
:
Pourquoi avez-vous écrit
Khalil
,
un roman nécessaire, selon vos propres mots ?
YASMINA KHADRA :
Nous sommes submergés par
des ouvrages sur l’intégrisme religieux. Dans cette
profusion livresque, on ne sait où donner de la tête.
La peur fausse nos repères et la colère supplante la
raison. Ayant combattu par les armes ces infâmes né-
buleuses pendant huit années et décelé leurs failles
et leurs dérives, j’ai jugé nécessaire de réagir afin de
donner à voir et à comprendre, espérant ainsi apaiser
les esprits et proposer quelques clefs.
:
Après avoir lu ce roman,
en tant que lecteur nous sommes déchi-
rés entre la compassion et la colère, le
comprenez-vous ?
YK :
Il s’agit pas de situer l’origine du mal.
Je n’ai aucune empathie pour mon person-
nage principal. J’ai simplement essayé de
le raconter dans sa fragilité et dans son
naufrage. Personne ne naît démon, mais
il arrive à des êtres en conflit avec eux-
mêmes, avant de l’être avec la société,
de se laisser piéger par les gourous et de
renoncer à leur présence d’esprit. Ceux-là
s’engouffrent dans une diablerie qui dé-
passe l’entendement. Khalil en fait partie.
: Comment plonge-t-on
dans la tête d’un candidat kamikaze,
vous qui aimez et défendez la vie ?
Comment avez-vous imaginé son
parcours ?
YK :
Je n’ai pas imaginé son parcours, je
l’ai parcouru avec lui. Je connais ces gens
pour les avoir combattus durant la guerre
terroriste qui a failli dépeupler mon pays,
l’Algérie.
: Vous avez dit dans
une interview que vous aviez pris un
risque en employant le « je » et en
confrontant directement le lecteur.
Qu’avez‑vous envie de dire aux gens
qui ont « peur » de lire ce livre ?
YK :
Rien. Je n’ai rien à leur dire. Une vérité
se doit d’être dite, mais nul n’est habilité à
l’imposer à ceux qui préfèrent s’en passer.
J’ai écrit ce livre par devoir. Je suis père
de trois enfants et j’aimerais que tous les
enfants du monde vivent pleinement leur
vie avec un maximum de discernement.
: En vous lisant, on com-
prend que vous recherchez avant tout à
restituer l’humain. La compréhension
et la compassion sont-elles les armes
ultimes contre cette idéologie ?
YK :
Je ne pense pas être en mesure de
resituer l’humain. Je ne fais que le renvoyer
à ce qu’il est capable d’entreprendre, pour
le meilleur ou pour le pire. Un animal tue
pour survivre. Un être humain assassine
parce qu’il perd de vue l’essentiel de son
humanité : le respect de la vie des autres.
: Qu’attendez-vous de
ce livre, quel chemin souhaitez-vous
qu’il prenne ?
YK :
J’aimerais que ce livre soit étudié dans
les lycées. C’est un texte qui s’adresse aux
jeunes afin de les éveiller aux dangers des
embrigadements, qu’ils soient d’ordre re-
ligieux, idéologique, racial ou politique.
Nous devons tous rappeler à nos enfants
que rien n’est plus précieux que la vie.
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“
NOUS DEVONS
TOUS RAPPELER
À NOS ENFANTS
QUE RIEN N’EST PLUS
PRÉCIEUX QUE LA VIE.
”
CONFÉRENCE DE LA SHALP
YASMINA KHADRA
CONFÉRENCE ANIMÉE PAR MOUNA SBIHI
DÉDICACES À L’ISSUE DE LA CONFÉRENCE EN PARTENARIAT AVEC LA LIBRAIRIE L’AMANDIER
ENTRÉE LIBRE DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES
KHALIL
de Yasmina Khadra
aux Éditions Julliard