LA SHALP
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— Octobre 2020 - N° 86 —
QUE SE PASSAIT-IL À PUTEAUX
EN 1675 ?
LA SHALP A LA RÉPONSE ! ET VOUS ?
La Société Historique, Artistique et Littéraire de Puteaux relance son atelier d’histoire et nous promet
de nombreuses anecdotes sur nos ancêtres. Mais les membres ont besoin de vous, tant le travail est
titanesque. Si vous aimez l’Histoire, si vous aimez Puteaux, si vous avez envie de remonter dans le
temps, rejoignez cet atelier !
PUTEAUX, RÉSIDENCE DES MUSICIENS DU ROI
Dans l’Infoscope de septembre, nous vous
emmenions dans le Puteaux du 16
e
siècle afin
de vous donner le goût de la découverte ! Dans
ce numéro nous partons pour l’année 1675 qui
a vu l’installation de trois grands musiciens dans
notre ville ! Au 17
e
siècle, on chante et on joue
du théorbe* dans les jardins de la future rési-
dence de la Vieille Église…
Grâce à la volonté royale de tenir son rang à la
cour de Versailles, l’aristocratie et les grands du
royaume de France favorisent le développement
de résidences de plaisance le long de la Seine.
C’est ainsi que plusieurs bourgeois parisiens
s’installent dans le bourg de Puteaux.
En octobre 1675, trois prestigieux musiciens
de la cour achètent une belle maison au cœur
du Vieux Puteaux. Vous en connaissez au moins
un: Jean-Baptiste Lully, au summum de sa
gloire. À 43 ans, il est déjà surintendant et
compositeur de la Musique de la Chambre du
Roi. Il vit avec Madeleine Lambert, sa femme,
et leurs six enfants.
Les deux autres musiciens sont d’une part Michel
Lambert, le beau-père de Lully, qui est Maître de
Musique de la Chambre du Roi. Compositeur
et professeur de chant très recherché, Michel
Lambert compose des airs de cour qui sont
chantés dans les salons précieux pour leur atmos-
phère intimiste. Et d’autre part, Hilaire Dupuis,
fille de Michel Dupuis, patron du Bel Air, célèbre
taverne devenue le rendez-vous parisien des
musiciens et des acteurs. À 50 ans, Hilaire est
une chanteuse renommée, interprète de ballets
de cour et des comédies-ballets de Lully et de
Molière. Elle est aussi pourvue de la charge de
l’ordinaire de la Musique du Roi. Sa voix était si
belle qu’on la surnommait « le cristal humain ».
Tout ce petit monde habite ensemble dans cette
belle propriété de Puteaux qui va devenir un lieu
de détente pour les enfants, une résidence prin-
cipale pour Michel Lambert et un gîte proche
de Versailles, Marly et Saint-Germain-en-Laye
pour Jean-Baptiste Lully, qui est très sollicité à
la Cour du Roi.
Cette maison du bonheur est située entre l’ac-
tuel 62/64 de la rue Voltaire et l’actuel 26/27
du quai de Dion Bouton, dans la résidence de la
Vieille Église et ses jardins.
L’acte de vente du notaire, Nicolas Charles, en
donne tous les détails : C’est une grande maison
à porte cochère donnant sur la rue (actuelle
rue Voltaire), avec un entresol, deux étages
sous combles et une chapelle personnelle. Nos
musiciens bénéficient également d’une cave à
vin avec pressoir, de cuves, d’un cellier, d’une
écurie, d’une remise de carrosses, d’une étable
avec une laiterie, d’une serre et tout au bout,
d’un pigeonnier rempli de pigeons ! Les enfants
profitent d’arbres fruitiers plantés dans le jardin
avec un bâtiment composé de deux salons, dont
l’un contenait un billard. Sur le toit, une grande
galerie à jour offre un magnifique panorama sur
la Seine, l’Île de Puteaux et au-delà, le château
de Madrid. La propriété est très proche de la
Vieille Église qui s’est développée rapidement
dans les années 1640. Les Lully y sont d’ailleurs
propriétaires d’un banc ! Le musicien et sa fille,
Catherine Madeleine, parrainent en 1686 la
troisième cloche de l’église, baptisée Jean-
Baptiste Louise.
LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE,
ARTISTIQUE ET LITTÉRAIRE
DE PUTEAUX
*Instrument à cordes pincées, sorte de grand luth crée en Italie au 16
e
siècle