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MUSIQUE FRANÇAISE, CHŒUR ET ORGUE

BERLIOZ, FAURÉ, GOUNOD, FRANCK ET MEL BONIS

Chœur: L’ENSEMBLE VOCAL LES SAISONS

Orgue positif: Arnaud Pumir

Soprano soliste.: Béatrice Malleret

Direction: Gilles André

VENTE DES PLACES ET RENSEIGNEMENTS:

01 42 04 66 94 • lessaisons.org

TARIF: 18€ • PRÉVENTE:15€ • GRATUIT JUSQU’À 26 ANS

Église Sainte-Mathilde

Musique

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MEL BONIS

MADAME LE COMPOSITEUR!

C’est tellement rare de parler d’une femme compositeur. C’est même la

première fois que nous en avons l’occasion depuis que nous chantons

aux SAISONS. Alors mettons le projecteur sur Mélanie Bonis.

En 1881, une jeune musicienne, encore élève au Conservatoire de Paris,

entame une carrière de « compositeur ». Elle change son prénom en Mel,

diminutif neutre, pour éviter tout jugement a priori. En effet, être une

femme était à l’époque un handicap qui rendait une reconnaissance dans

le domaine créatif improbable. Adopter un pseudonyme masculin n’était

pas inhabituel pour les femmes artistes.

Le 19

e

siècle était marqué par une polarisation forte des sociétés occi-

dentales. Aux hommes et aux femmes correspondaient des sphères et des

fonctions distinctes, et la création artistique ne faisait pas partie de la

« nature » féminine. Lorsqu’une femme s’élevait au niveau de l’excellence,

la mesure restait l’homme. La remarque attribuée à Saint-Saëns à propos

du Premier Quatuor de Mel Bonis en témoigne : « je n’aurais jamais cru

qu’une femme fut capable d’écrire cela. Elle connaît toutes les roueries

du métier ! ». Mélanie sera une femme déchirée entre devoir et passion.

Elle n’est pas issue d’un milieu musical et sa famille ne fera jamais sa

promotion. C’est un ami de la famille qui la présentera à César Franck

en 1876, au grand dam de sa mère. Douée et travailleuse, elle obtient

un premier prix en harmonie du Conservatoire de Paris et son professeur

de composition Ernest Guiraud songe à la présenter au Prix de Rome.

Un jeune étudiant en chant chez Massenet dont elle était amoureuse,

Amédée Hettig, ayant demandé sa main, ses parents refusent et l’obligent

à démissionner. Interdite d’amour et de musique à 25 ans, ses parents lui

trouvent un bon parti, un homme fortuné de plus de 20 ans son aîné, deux

fois veuf et père de cinq garçons. Elle devient Madame Albert Domange

et se consacre pendant dix ans à la gestion d’une grande maison et d’une

vie familiale et mondaine.

Mélanie n’oubliera ni la musique, ni son amour pour Hettig. Quand

Amédée rentrera d’Italie en 1890, ils vont collaborer et il l’encourage à

composer, lui aménage des contacts avec des éditeurs et des person-

nages importants de la scène musicale. Mel Bonis crée une œuvre de

près de 300 compositions dans presque tous les domaines musicaux.

Elle aura du succès, des récompenses, rejoint en 1899 la Société des

Compositeurs de Musique, dont elle occupera plus tard le poste de secré-

taire. De cette fréquentation de travail intense avec Amédée naît une liaison

qui ne sera pas sans suite. Une petite fille, Madeleine, naît « de parents non

dénommés ». Elle est confiée à une famille nourricière. Ses parents, dont la

liaison a pris fin, maintiendront un contact avec l’enfant et veilleront à son

éducation.

La Grande Guerre apportera son lot de soucis et de changements. Devenue

physiquement et psychologiquement de plus en plus fragile, Mel Bonis passe

les quinze dernières années de sa vie allongée. Elle continue à composer et

essaie de publier, mais le monde musical a évolué et son style ne s’inscrit

plus dans l’air du temps. Elle meurt le 18 mars 1937 à Sarcelles, où elle

s’était définitivement installée en 1931.