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 : Racontez-nous votre première rencontre

avec Françoise Sagan

CAROLINE LOEB :

Françoise Sagan fait partie de mon

paysage depuis très longtemps. Je la connaissais sans la

connaître, mais le personnage me plaisait. J’aimais son

côté un peu rock’n roll, étrange et singulier. Je sentais

beaucoup d’intelligence et de finesse, mais je ne l’avais

jamais lue. La vraie rencontre avec Sagan a eu lieu quand

on m’a offert le livre

Je ne renie rien

*, une compilation

de ses interviews de 1954 à 1992. Son intelligence,

sa profondeur, son élégance, son

humour m’ont bouleversée et

passionnée. C’est alors que j’ai eu

l’idée d’en faire un spectacle.

 : Racontez-nous

la genèse du spectacle

CL:

À la lecture de ce livre, j’ai eu

un choc devant tant d’esprit. J’étais

cueillie par ce texte. Et tout de

suite, j’ai pensé à un monologue.

Ces rencontres entre un artiste et un

texte sont assez rares, c’est presque

magique. Dans le spectacle, il n’y a

pas une virgule qui ne soit pas d’elle et en même temps,

c’est 100% moi, car j’ai choisi des passages du livre qui me

touchent et qui sont universels. Plus on est proche de soi,

plus on est dans l’intime, plus on a des chances de toucher

les autres. Elle nous parle de solitude, de mort, d’amour, du

temps qui passe, de paresse qui sont en résonnance avec

le monde d’aujourd’hui, comme la vulgarité de la télévision,

l’agressivité de cette espèce de pornographie à laquelle

on est confronté en permanence… Elle dit d’ailleurs:

«

la sexualité ça ne s’exhibe pas, c’est une cérémonie

secrète

». Sagan, c’est une grande élégance, la lire est de

l’ordre du «massage de l’âme». Elle nous fait du bien.

 : Comment devient-on Françoise Sagan ?

CL :

Cette rencontre avec Françoise Sagan est tellement

évidente que même en répétition, je n’avais besoin que

de mettre la perruque et elle était là ! Le plus difficile a

été d’apprendre le texte mais le vrai travail pour moi a été

de connecter chaque phrase à l’intime. De comprendre

la raison pour laquelle j’avais choisi ces passages et

comment ces textes résonnaient en moi pour rendre

chaque pensée habitée, vivante et nourrie. Je pense qu’en

étant le plus proche de ma sincérité, de ma souffrance, de

mes doutes, et aussi de mon envie de faire le clown, elle

apparaît. Je ne me suis pas noyée d’interviews ou plongée

dans les archives, je m’en fous de ça ! On sait comment

elle est. Il n’y a rien à préparer, je monte sur scène et je

suis dans l’instant.

 : Quels sont vos projets ?

C L :

La suite de

Françoise par

Sagan

qui permet de boucler la

boucle en chanson ! Il paraît que

je suis connue comme chanteuse

(rires), j’ai eu envie de faire un

album autour de Françoise Sagan,

Comme Sagan

qui sortira le

1

er

février prochain et sera suivi

d’un spectacle avec des musiciens.

J’ai découvert qu’elle avait écrit

des chansons pour Juliette Gréco,

Nana Mouskouri, Johnny Hallyday

et beaucoup d’autres. Cet album

se compose de textes de sa

signature mis en musique, ainsi qu’une chanson à elle

et de créations originales. Par exemple, on a décliné

une phrase d’elle en chanson que j’adore : «

On ne sait

jamais ce que le passé nous réserve

». C’est autour d’elle

et en même temps c’est très personnel.

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LE VRAI TRAVAIL

POUR MOI A ÉTÉ

DE CONNECTER

CHAQUE PHRASE

À L’INTIME.

Rencontre d'artiste

COMME SAGAN

SORTIE LE 1

ER

FÉVRIER 2019